#21 Et si le cheval savait se soigner seul? Quelle plante mange-t-il pour rester en bonne santé?

Dis moi ce que mange ton cheval , je te dirai comment il va…

Est ce que les chevaux connaissent l’art de rester en bonne santé? Pourquoi mon cheval se gave de pissenlit au printemps et de chardons à l’automne ? Essayons ensemble d’y répondre.

cheval de dressage
Kenzo

YOUYOU Ami Lecteur ! Tu me connais, j’observe les chevaux et je cherche à comprendre ; là je te livre mes observations faites au milieu de mes pâtures où je tiens absolument à garder une biodiversité afin que toutes les plantes aient leur place. Enfin presque toutes ! Je te rassure, j’élimine les Sénéçons très toxiques pour les chevaux et dans les foins, mais aussi les Rumex et une partie des fougères.

Mes formations et stages en Herboristerie, en Phytothérapie et Gemmothérapie me permettent de commencer à comprendre le fonctionnement incroyable du monde végétal et de son pouvoir d’action sur nos chevaux. Le sujet est vaste et j’ai encore pleins de découvertes à faire et à partager ; c’est passionnant !

chevaux au pré
Kenzo et Gazelle

Avant, je voulais refaire mes pâtures et y mettre un mélange « spécial chevaux » du commerce, mais quand j’ai compris que les chevaux se soignaient seuls avec les plantes à leur disposition, j’ai laissé tomber cette idée et j’ai redoublée d’attention pour voir ce qu’ils mangent.

Et là j’ai assisté à des repas incroyables ;

  • Kenzo mange des fleurs de mauve
  • Nouch gobe délicatement les fleurs de chardon et mange ses feuilles pourtant bien piquantes
  • Gazelle adore le plantain et mange aussi des orties

J’ai plein d’exemples au fil des saisons et de la croissance des plantes ; de la jeune pousse à la fleur ou la graine. Chaque stade du développement apporte ses constituants qui peuvent être des éléments actifs sur le métabolisme.

Aujourd’hui les plantes sont à  la mode et les rayons diététiques sont pleins de gélules et de poudres avec des effets soit disant miraculeux sur notre santé.

cheval dans les marguerites
Nouch

Alors qui a raison ? Les chevaux ? La nature ou la chimie ?

Vaste débat, surtout si l’on part du principe que la plupart des médicaments puisent leur origine dans les plantes.

C’est en isolant les composants et  molécules des plantes et en les analysant qu’il a été possible de les reproduire de façon chimique afin de les concentrer et les assembler pour créer des médicaments.

Le plus bel exemple est sans aucun doute celui la Reine des Prés une jolie plante sauvage de nos campagnes, de son nom latin Spirea Ulmaria qui a donné son nom à l’Aspirine mise sur le marché par la firme Bayer en 1899. L’un des composant de la Reine des prés est l’acide salicylique (naturel) à partir duquel a été élaboré l’acide acétylsalicylique(chimique) : LE composant de l’aspirine.

Fin de la démonstration ? Non !

Car pour reprendre notre exemple, notre Reine des prés a bien d’autres composants à son actif, dont plusieurs flavonoïdes aux propriétés anti-oxydantes reconnues notamment sur la sphère muscles-tendons. Une autre différence entre l’Aspirine et la Reine des prés est l’acidité ; l’aspirine provoque de l’acidité gastrique alors que la Reine des Prés neutralise l’acidité gastrique. Preuve que la chimie n’a isolé que la molécule à effet anti-inflammatoire, alors que la plante a « prévu » aussi l’effet anti-acide pour éviter les effets secondaires.

Tous les composants de la plante sont complémentaires et renforcent leurs effets simultanés ; c’est ce que l’on nomme le «totum » de la plante : sa capacité entière à aider l’organisme à réparer un dérèglement.

En isolant un seul composant, on traite un effet, pas une cause. Pour reprendre notre exemple, l’aspirine va soulager une migraine, ou une fièvre, mais ne va pas aller jusqu’à l’origine de départ de cette migraine ou cette fièvre, c’est à dire la cause. La plante si elle est bien choisie par le thérapeute, en plus de soulager, elle va aller chercher la cause : dans notre exemple la migraine peut être d’origine nerveuse, circulatoire, digestive ou virale.

Ami lecteur, si tu es toujours avec moi 😉 c’est là que le bas blesse ! En effet certains essayent la phytothérapie et sont déçus et n’y trouvent pas le résultat souhaité. Eh oui, la phytothérapie est une science à part entière, et le choix de la plante ou du mélange de plantes face à un symptôme demande des connaissances approfondies en herboristerie. Il y a également le dosage de la plante ou du mélange et la durée du traitement qui ont une grande importance.

Pour revenir encore une fois à notre exemple ; l’aspirine en une prise va soulager rapidement un mal de tête alors que la Reine des Prés n’aura aucun effet rapide, il faudrait même boire 2 ou 3 infusions concentrées de plante avant d’avoir un ressenti au bout d’une ou deux heures.

La où le médicament va rapidement faire disparaître les symptômes visibles, voire remplacer un organe déficient ; la plante va privilégier un rééquilibrage durable des fonctions  de l’organe.

Voilà donc la limite de la phytothérapie ; elle ne traite pas l’urgence. Mais son action reste immense pour tous les troubles fonctionnels sans lésions sévères, car elle va traiter le terrain dans son ensemble pour redonner à chaque organe un fonctionnement efficace.

cheval de dressage
Kenzo en reprise St Georges

Merci Ami Lecteur, de me rappeler que nous parlions de chevaux!

Mais ce petit détour n’est pas inutile afin de comprendre le fonctionnement des plantes.

Pour reprendre les exemples de mes chevaux :

mauve et cheval
Kenzo et sa Mauve

Kenzo mange les fleurs de Mauve et ses deux points faibles sont:

  1. le système respiratoire ( emphysème)
  2.  l’acidité ( ulcères)

Ces deux pathologies ont été bien sûr diagnostiquées par le véto et confirmées par des examens en clinique ( fibroscopie digestive / prélèvements des sucs bronchiques). Il a également été traité par des molécules chimiques ( Gastrogard, corticoïdes, ventipulmin etc..).

Kenzo est un cheval de Dressage de haut niveau, il travaille toujours mais ne fait plus de concours.

Depuis que nous l’avons installé dans un mode de vie :

  • Pré/ box  durant les 5 mois d’hiver
  • Pré- H24 durant le reste de l’année
  • Dans des pâtures « vivantes » sans sélection de graminées

Nous l’avons vu manger de la mauve ; fleurs et feuilles. Et il est le seul à en consommer ( Gazelle et Nouch n’y touchent pas)

Les propriétés de la mauve sont entre autre : un mucilage qui adoucit les voies respiratoires et les voies digestives….

Kenzo aurait il trouvé SA plante? Je te laisse Ami Lecteur en tirer la conclusion ! 

Pour Nouch, c’est le Chardon, fleurs et feuilles.

cheval qui mange un chardon
Nouch et son Chardon

Ce cheval a toujours eu des problèmes de la sphère digestive :

  1. à 8 ans un abcès au foie suivi d’une grave infection du foie
  2. à 13 ans une colique grave, opérée, suivies d’une gastrite et à nouveau de coliques
  3. Il est intolérant à l’amidon et ne peut manger aucun aliment industriel sous peine de colique grave
  4. La praticienne Shiatsu qui le suit remarque souvent un foie engorgé

Ces pathologies ont été traitées par plusieurs véto et cliniques équines. Il a subit une chimiothérapie du foie et des grosses doses d’antibiotiques plus une opération…

Nouch travaille régulièrement, a fait beaucoup de compétitions amateur de Dressage. A cause de sa pathologie digestive, il vit dehors le plus possible, ne rentre au box que pour la nuit en hiver.

En ce début d’automne, il dévore les chardons, même les feuilles piquantes. Pour les fleurs, il les gobe délicatement par dessus pour ne pas se piquer sur les feuilles.

Gazelle n’y touche jamais et Kenzo à ma grande surprise a essayé quelques feuilles de jeunes pousses (moins piquantes)cette année !

Le Chardon c’est LA plante du foie… Son grand cousin c’est l’Artichaut, bien connu pour ses propriétés dépuratives du foie. Le principe actif primordial du chardon : la silymarine dotée de puissantes propriétés hépato-protectrices, anti-oxydantes et capable de régénérer les cellules hépatiques.

Il existe de nombreux chardons ; dans mes prés il s’agit du chardon des champs ou chardon commun. Mention spécial pour le Chardon-Marie qui renferme le plus fort taux de silymarine ; cette substance est utilisée pour protéger le foie dans certaines chimiothérapies car la silymarine arrive à limiter les effets nocifs des toxines chimiques sur le foie.

Je donne des graines de  Chardon-Marie aux chevaux en cure de 8/10 jours 2 à 3 fois par an.

Là encore le cheval a trouvé SA plante.

Enfin Gazelle : elle mange beaucoup de plantain et de temps en temps se fait une petite touffe d’orties.

Les deux autres Mustangs mangent aussi du plantain mais jamais d’orties.

plantain
le Plantain

Gazelle est la ponette de la famille, elle a fait autant de CSO que de Dressage et est en retraite depuis 10 ans.

Gazelle est atteinte de :

  • DERE (Dermite Estivale Récidivante des Equidés) depuis 12 ans
  • du Syndrôme de Cushing depuis 4 ans
  • Elle est sous traitement quotidien d’une hormone chimique ; le Prascend depuis 3 ans.

Pour mémoire la DERE est une pathologie allergique et le Syndrôme de Cushing est un dérèglement du système immunitaire pouvant ouvrir la porte à d’autres pathologies. .

Le Plantain est un véritable pansement interne des pathologies allergiques, et externe de tous les désordres cutanés. Il calme les réactions inflammatoires allergiques.

L’Ortie , outre son côté connu de plante reminéralisante, contient des histamines l’un des composants principaux des réactions allergiques.

Encore une qui a trouvé SA plante.

YOUYOU Ami Lecteur ! BRAVO si tu es arrivé jusque là. Ma démonstration est finie, mais pourrait être reproduite chez les autres Mustangs.

Tu liras bien encore une petite conclusion. Ahaha !

Le cheval, cet herbivore, pourrait être son propre phytothérapeute si tant est qu’on lui laisse à disposition une pâture suffisamment diversifiées en graminées, plantes et même certains arbres et arbres fruitiers(avec modération).

cheval de dressage
Nouch

Bon d’accord dans la vraie vie c’est compliqué, soit à cause de la vie en box, soit du manque de place, ou de climat trop rude pour l’épanouissement d’une flore diversifiée.

Mon rôle intervient à ce moment ; trouver les bonnes associations de plantes pour chaque cheval, en tenant toujours compte de ses pathologies ou particularités avérées et diagnostiquées par un vétérinaire.

Le but étant

  • Favoriser la rééquilibration durable du terrain c’est à dire des fonctions qui gèrent l’organisme
  • soutenir l’état général
  • entretenir le système locomoteur
  • stimuler et faciliter la tâche des organes chargés de transformer ( foie) et d’éliminer (intestins, reins)
  • harmoniser les systèmes métaboliques ( nerveux, digestifs, respiratoire, endocrinien…  )

si je devais résumer( lol) je dirais

« soulager sans nuire, prévenir pour ne pas avoir à guérir »

PS ; cet article me tenait à cœur afin d’exposer mes pensées, je serais curieuse de savoir qui l’a lu ?

Ami Lecteur, s’il te plait, laisse moi un petit mot sur le blog ou par mail ou sur Fb ou Insta, juste pour dire « lu » ou « vu » . Merciiii…

Prenez soin de vos Mustangs, n’oubliez jamais qu’ils sont herbivores.

 


5 réflexions sur “#21 Et si le cheval savait se soigner seul? Quelle plante mange-t-il pour rester en bonne santé?

  1. Article très intéressant : c’est vrai que j’avais remarqué que certains des me chevaux avait une attirance pour les fleurs de mauve ou les chardons et pas d’autres et je ne comprenais pas pourquoi. Maintenant, c’est fait ! En ce qui concerne les orties, ces dernières, une fois sèches, sont un régal pour tous les chevaux et les poneys que j’ai eus au point que je les coupe régulièrement dans un des prés où elles poussent afin qu’ils puissent s’en délecter…

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